La guerre russo-turque de 1768 à 1774, une confrontation titanesque qui a secoué les fondements de l’Empire ottoman, aboutit à un accord diplomatique majeur: le Traité de Küçük Kaynarca. Signé en juillet 1774, cet acte non seulement mit fin au conflit mais transforma également radicalement la géopolitique de l’Europe orientale. L’influence russe s’étendit désormais sur les terres ottomanes, ouvrant une nouvelle ère d’expansion et de rivalités dans la région.
Avant d’analyser les conséquences majeures du Traité de Küçük Kaynarca, il est crucial de comprendre le contexte historique qui a mené à sa signature. Au milieu du XVIIIe siècle, l’Empire ottoman, autrefois redoutable, se retrouvait affaibli par des révoltes internes et une stagnation économique. La Russie impériale, sous le règne de Catherine la Grande, ambitieuse et déterminée à étendre son influence, saisit cette opportunité.
La guerre débuta en 1768 lorsque les troupes russes envahirent la Moldavie et la Valachie, deux principautés chrétiennes sous domination ottomane. L’objectif principal de Catherine était de sécuriser l’accès à la mer Noire pour la Russie, ce qui nécessitait le contrôle des détroits du Bosphore et des Dardanelles.
La guerre fut marquée par d’importants succès russes, notamment la prise de la forteresse ottomane de Khotin en 1769. L’armée ottomane, mal préparée et manquant de commandement efficace, se retrouva rapidement sur la défensive. En 1772, une alliance franco-autrichienne vint au secours de l’Empire ottoman, mais cela ne suffit pas à inverser le cours de la guerre.
Finalement, après six longues années de conflit, les deux parties décidèrent de négocier un traité de paix. Le choix du lieu de signature, Küçük Kaynarca, une petite ville près d’Istanbul, reflétait déjà la position dominante de la Russie.
Les termes du Traité de Küçük Kaynarca furent une véritable humiliation pour l’Empire ottoman:
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Reconnaissance de l’Indépendance de la Crimée: La péninsule de Crimée, territoire stratégique contrôlé par les Tatars de Crimée, fut déclarée État indépendant sous protection russe.
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Accès Russe à la Mer Noire: La Russie obtint le droit de construire une flotte sur la mer Noire, un accès crucial pour projeter son influence dans la région.
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Territoires Cédés: L’Empire ottoman dut céder des territoires importants, notamment la Dobroudja (aujourd’hui partagée entre la Roumanie et la Bulgarie) à la Russie.
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Liberté Religieuse pour les Chrétiens Orthodoxes: Le Traité accorda aux chrétiens orthodoxes vivant dans l’Empire ottoman le droit de pratiquer leur religion librement, une concession importante qui saperait le monopole islamique sur la vie religieuse.
Les conséquences du Traité de Küçük Kaynarca furent profondes et durables:
- Déclin de l’Empire Ottoman: Le traité marqua le début d’un long déclin pour l’Empire ottoman. La perte de territoires stratégiques et l’affaiblissement interne accélérèrent la chute de cet empire autrefois puissant.
- Ascension de la Russie: L’accord confirma la montée en puissance de la Russie comme une force majeure en Europe orientale. L’accès à la mer Noire permit aux Russes de devenir un acteur naval important, ouvrant la voie à de futures conquêtes et expansions territoriales.
Conséquences | Description |
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Déclin de l’Empire Ottoman | La perte de territoires stratégiques et l’affaiblissement interne accélérèrent le déclin de cet empire autrefois puissant. |
Ascension de la Russie | L’accès à la mer Noire permit aux Russes de devenir un acteur naval important, ouvrant la voie à de futures conquêtes et expansions territoriales. |
Déséquilibre des pouvoirs en Europe orientale | Le Traité bouleversa l’équilibre des pouvoirs dans la région, créant de nouvelles rivalités et tensions entre les grandes puissances européennes. |
Le Traité de Küçük Kaynarca fut un tournant majeur dans l’histoire de la région. Il marqua non seulement la fin d’une guerre sanglante mais déclencha également un processus de transformation géopolitique qui allait façonner le destin de l’Europe orientale pendant des décennies à venir.
Ce traité, souvent considéré comme un exemple clair de diplomatie victorieuse pour la Russie, a laissé une trace indélébile sur les cartes politiques et les relations internationales. Il témoigne également de la fragilité de l’Empire ottoman et de son déclin inexorable face aux ambitions expansionnistes des autres grandes puissances européennes.