Imaginez une scène surréaliste : des archers turcs décochant des flèches enflammées vers une armée chrétienne composée de chevaliers armés jusqu’aux dents. C’est le tableau que décrit la bataille d’Ankara, événement majeur du XIVe siècle qui a profondément transformé la destinée de l’Empire ottoman et marqué un tournant dans les relations entre l’Orient et l’Occident.
Pour comprendre la genèse de cette confrontation décisive, il faut remonter quelques années plus tôt, en 1362. Bayezid Ier, sultan ottoman ambitieux surnommé “le Tonnerre”, avait entrepris une campagne de conquête visant à étendre son empire jusqu’aux frontières byzantines et timuride.
Parallèlement, Timur, un chef mongol connu pour sa brutalité et ses compétences militaires hors pair, était en train de forger un vaste empire à l’Est. Cet ambitieux conquérant nourrissait des ambitions similaires à celles de Bayezid : la domination du monde islamique.
Le conflit était inévitable. Lorsque Bayezid tenta de soumettre les territoires timourides, Timur répondit avec une férocité redoutable. Il rassembla une armée imposante, composée de troupes turques, persanes et mongoles, et se dirigea vers l’Anatolie.
La Bataille d’Ankara : Une rencontre sanglante
La bataille eut lieu en juillet 1402 près d’Ankara, capitale du sultanat ottoman. Les deux armées étaient gigantesques, comptant chacune plusieurs dizaines de milliers de soldats. L’affrontement fut brutal et sanglant.
Les troupes timurides, menées par des généraux expérimentés comme Shah Rukh, utilisèrent une tactique astucieuse pour désorganiser les Ottomans. Ils feignirent une retraite, attirant Bayezid dans une embuscade où sa cavalerie fut prise au dépourvu.
Les archers mongols mitraillèrent les rangs ottoman avec une pluie de flèches incendiaires, causant d’énormes pertes et semant la panique parmi les troupes turques. Le sultan Bayezid, capturé lors des combats, fut emprisonné par Timur et mourra quelques années plus tard en captivité.
Les conséquences de la défaite ottomane
La défaite d’Ankara marqua un tournant majeur dans l’histoire ottomane. L’empire perdit une grande partie de ses territoires conquises et son expansion fut stoppée net.
Territoires perdus après la bataille d’Ankara | |
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Anatolie centrale | |
Provinces grecques | |
Régions balkaniques |
La défaite entraîna également une période d’instabilité politique au sein de l’Empire ottoman. Des luttes internes éclatèrent entre les différents prétendants au trône, fragilisant encore davantage l’empire.
L’héritage de la Bataille d’Ankara
Malgré cette cuisante défaite, la bataille d’Ankara eut des conséquences positives pour l’Empire ottoman à long terme. Elle permit aux Ottomans de se ressaisir et de mettre en place des réformes nécessaires pour renforcer leur pouvoir militaire et politique.
La période suivant Ankara fut marquée par une modernisation progressive de l’armée ottomane, avec l’adoption de nouvelles armes et tactiques militaires inspirées des techniques timurides.
De plus, la défaite incita les Ottomans à adopter une stratégie diplomatique plus prudente, favorisant les alliances stratégiques pour consolider leur pouvoir.
La bataille d’Ankara, bien qu’une défaite cuisante pour Bayezid Ier et l’Empire ottoman de l’époque, a contribué à forger un empire encore plus puissant au cours des siècles suivants. Elle représente un exemple fascinant de comment la défaite peut parfois être une opportunité de transformation et de renouveau.